Hier soir, j'ai lu dans le journal intime d'Aglaia, que je lis de temps en temps et que j'aime beaucoup, un passage qui me dérange un peu:

"Parce que je vais vous dire un truc moi, du haut de mes dix-sept ans, à vous parents dont les enfants font des bêtises : il faut rester adulte. Parce que les parents, ce sont les deux personnes qui sont sensées t'indiquer le chemin, te montrer la voie, te servir d'exemple, t'aider et répondre à tes questions. Alors quand les parents se comportent comme des enfants, ça pose problème. Pendant toute la maladie de ma s?ur, j'ai vu mon père piquer des colères incroyables et ma mère pleurer à longueur de journées. Finalement ils étaient aussi perdus que moi, alors comment aurais-je pu m'en sortir ? Je ne sais pas? Combien de parents sont réellement adultes ? Adulte au sens premier du terme : quelqu'un qui connaît la vie, quelqu'un qui sait. Très peu, je crois. Ah ça, quand l'enfant ramène une mauvaise note ou bien qu'il n'est pas sage à l'école, pour le disputer ou lui faire la morale, on sait faire. Mais quand l'enfant se détruit peu à peu jusqu'à la mort, eh bien on se rend compte que les disputes, les morales et les larmes, ça ne sert plus à rien."

C'est un bel exemple de l'incompréhension d'une adolescente face au comportement de ses parents. Je me rappelle avoir eu aussi ce genre de réactions quand j'étais adolescent. Quand on a cet âge, j'ai l'impression qu'on se rend compte que ses parents ne sont finalement pas si parfait, comme on l'a cru pendant les premières années de notre vie. On est en train de comprendre des choses qu'on a pas forcément envie de comprendre. On se rend compte que la vie est loin d'être rose... Pourtant, je me sens toujours être ce petit enfant, avec juste les responsabilités en plus. Si être adulte inclut le savoir universel, il y a personne d'entre nous qui peut prétendre à ce titre. Si être adulte, c'est rester stoïc quand on voit un de ses enfants nous quitter définitivement, alors je ne suis pas prêt de l'être. Ce genre de situation est aussi nouvelle pour les parents que pour les frères et soeurs. La réaction se doit peut-être d'être exprimée de façon plus mature, je ne vois cependant pas comment elle pourrait être beaucoup plus rationnelle... Il faut sûrement expliquer aux frères et soeurs ce qui se passe, les consoler, les calmer. Mais comment les parents d'Aglaia auraient pu être moins perdu qu'elle? Je me demande si ses parents pouvaient trouver un peu de réconfort chez les leurs...

La perte de l'un de ses enfants doit être la chose la plus horrible au monde. Si mon frère, que j'adore, nous quittait, cela m'attristerait infiniment. Cependant, la disparition de notre petite Emilie me serait douloureux au centuple...